Retour à la liste Animaux Sainte-Croix, un refuge pour les cigognes blanches Publié le 14 février 2025 Chaque année, le retour des cigognes marque l’arrivée des beaux jours. En 2024, le Parc Animalier de Sainte-Croix accueille une cinquantaine de nids, signe du succès de son engagement dans la préservation de cette espèce emblématique. Mais cette belle histoire est le fruit de décennies d’efforts et d’un programme de conservation ambitieux. Une espèce protégée menacée par l’Homme La cigogne blanche est aujourd’hui une espèce protégée, mais elle a bien failli disparaître en raison de multiples menaces. Entre 1960 et 1974, la population alsacienne est passée de 145 couples à seulement 7. En Moselle, on comptait 21 nids en 1935, sept en 1950, et un seul en 1977. Cette diminution dramatique est due à plusieurs facteurs : La chasse encore autorisée dans certains pays d’Afrique, où les cigognes passent l’hiver La disparition des zones humides, réduisant les sources de nourriture Les lignes à haute tension, responsables de nombreuses électrocutions Un programme de réintroduction exemplaire Face à ce déclin alarmant, des acteurs engagés ont lancé un programme de conservation en Lorraine en 1977. Sous l’impulsion du directeur de l’Étang du Lindre, Bernard Bornert, de l’Alsacien Alfred Schierer, du Belge Jean-Pierre Van der Elst et du fondateur du Parc de Sainte-Croix, Gérald Singer, la réintroduction de la cigogne blanche a été initiée. Le principe ? Accueillir des cigognes dans des volières pendant trois ans afin de leur faire perdre leur instinct migratoire. Une fois relâchées, elles restent ainsi à l’année dans nos régions. La première volière a été construite au Domaine de Lindre en 1977, suivie par celle du Parc de Sainte-Croix en 1980. Ce programme a permis de stabiliser la population et d’installer durablement des colonies en Lorraine. Des nids artificiels pour favoriser leur installation Pour encourager l’installation des cigognes, le Parc de Sainte-Croix a mis en place des nids artificiels. Avec le temps, ces structures ont attiré des cigognes sauvages, transformant le site en véritable terre d’accueil pour l’espèce. Aujourd’hui, la majorité des cigognes qui nichent au parc sont sauvages et reviennent chaque année pour se reproduire. Un retour en force en Lorraine Grâce à ces efforts, la population de cigognes a progressivement augmenté. En 1990, la Moselle comptait une dizaine de couples. En 2024, la population est passée de 500 à 600 couples nicheurs selon Dominique Klein. Cette croissance s’inscrit dans une tendance régionale observée dans le Grand Est, où la population de cigognes a augmenté de 40 % sur les trois dernières années. Une migration pleine de dangers Si la migration est essentielle pour leur survie, elle est aussi semée d’embûches. Entre les lignes à haute tension et la chasse encore pratiquée en Afrique, toutes les cigognes ne parviennent pas à destination. Cependant, les habitudes évoluent : avec l’abondance de nourriture en Espagne, certaines cigognes écourtent leur voyage et passent l’hiver en Europe. Le fascinant voyage des jeunes cigognes Les jeunes cigognes, nées au parc, entreprennent un périple impressionnant. À seulement trois mois, elles entament leur première migration vers l’Afrique, sans l’aide d’aucun guide. Elles parcourent jusqu’à 400 km par jour, utilisant les courants thermiques pour économiser leur énergie et atteindre des vitesses de 40 km/h. Elles ne reviendront en Lorraine que deux ou trois ans plus tard, prêtes à se reproduire à leur tour. Les adultes, eux, partent un mois plus tard et reviennent fidèlement chaque printemps. Le Parc de Sainte-Croix, un modèle de conservation Aujourd’hui, le Parc de Sainte-Croix est fier d’être un acteur majeur dans la protection de la cigogne blanche. Grâce à des décennies d’engagement, il est devenu un refuge pour ces majestueux oiseaux et un lieu privilégié pour observer leur ballet aérien. Chaque année, les visiteurs peuvent admirer les cigognes nichant sur le site et assister à leurs rassemblements avant le grand départ. Une belle preuve que l’action humaine peut inverser la tendance et offrir un avenir à une espèce menacée !