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Événement

Répondre à une forte demande de nature

Cette forte demande de nature

Grande ou petite, la faune est partout. À la campagne, dans et sous les ramées forestières, au gré des zones humides mais aussi au cœur de l’écosystème urbain, l’animal sauvage occupe la scène avec ses bons et ses mauvais jours, mais qu’il soit devenu rare ou qu’il prolifère, il est parmi nous, physiquement, mentalement et parfois même socialement ! Site mosaïque d’habitats naturels sertis au cœur du Saulnois, le parc de Sainte Croix est devenu au fil d’une quarantaine d’années la vitrine tant émotionnelle que pédagogique des hôtes à plumes, à poils ou à écailles de notre région et au-delà.

Il y a quatre ans déjà, le parc a fait renaître ces Entretiens de la Biodiversité que nous avions organisé quelques années plus tôt en Lorraine avec le regretté professeur Jean-Marie Pelt. L’initiative s’adressait alors aux médias. L’idée était de mettre en contact des journalistes des tous les horizons avec des experts  prompts à leur fournir des clés de lecture objectives sur les enjeux cruciaux liés à la biodiversité.

A Sainte-Croix, ce rendez-vous a été voulu ouvert à tous les publics, mais en restant très axé sur les particularités, les questions diverses et variées liées à la nature régionale. Le succès aidant, une seconde édition s’est tenue sur place en juin 2023. Puis, de biennale, la manifestation a franchi un nouveau cap pour devenir un rendez-vous annuel. Les 20, 21, 22 et 23 juin, elle va intégrer, le temps d’un long week-end, ce haut lieu chargé d’histoire qu’est le cloître franciscain des Récollets, siège de l’Institut européen d’écologie. Dès sa création en 1971, l’Institut s’était révélé comme le berceau de l’écologie urbaine, le vivier fertile capable de proposer, et déjà en précurseur, des solutions pour une ville durable et vivante, une ville en vie.

Voisins sauvages

Car l’homme n’est pas seul dans la matrice urbaine. La nature au sens large sait s’inviter au plus profond des cités. Parcs, squares, jardins ouvriers ou de particuliers, friches, édifices anciens, rivières ou plans d’eau, ces espaces et oasis verts ou bleus abritent un vaste panel d’espèces tant végétales qu’animales. Elles y évoluent, s’y nourrissent, s’y reproduisent. Certaines bestioles et pas des moindres sont d’ailleurs présentées aux visiteurs à Sainte-Croix, soit en pensionnaires, comme le chevreuil ou ce fieffé pendard qu’est le renard roux, voire même son cousin le loup gris dont une meute a osé s’installer aux portes de la métropole marseillaise, soit en toute liberté, à l’image du héron cendré, du foulque macroule, de la gallinule poule d’eau ou de ce large florilège de représentants de la solide famille des passereaux qui baguenaudent aussi bien dans les allées ombragées ou les étangs du parc mosellan que dans les quartiers résidentiels ou les espaces de verdure des agglomérations de la région.

A l’heure où l’homme et lui seul est responsable d’un effondrement de la biodiversité, cette faune sauvage opportuniste, hétéroclite et clandestine a su, pour plusieurs de ses acteurs urbains, prendre cette réalité à rebours. Mais d’autres espèces citadines, à contrario, souffrent des contraintes de plus en plus fortes qui accompagnent le phénomène accru de densification de l’espace, de son artificialisation.

Aux Récollets, les Entretiens de la Biodiversité ouvriront, entre autres, le débat sur la contradiction qui existe entre densifier la ville et la nécessité d’y faire de la place pour la nature. Pollution, sombres perspectives climatiques : l’Homo urbanicus est de plus en plus préoccupé par sa santé, son bien-être, son besoin de vert. Faciliter, encourager l’intégration de la nature dans la ville est une réponse à son inquiétude… Et ce sera lui qui influencera peut-être à court ou moyen terme le choix politique d’un urbanisme à biodiversité positive.

Écrit par Patrice COSTA, Président de l’Institut Européen de l’Écologie