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Le parc

Les animaux mal-aimés : entre sortilèges et vérités sur les créatures incomprises

Chats noirs, crapauds, corbeaux, cochons… Pendant des siècles, ces animaux ont traîné une mauvaise réputation. Accusés d’entente avec les forces obscures, compagnons de sorcières ou encore de  messagers de malheur… Et pourtant, sans eux, nos écosystèmes s’écrouleraient plus vite qu’on ne le pense.

Quand les animaux mal-aimé passaient au tribunal

Du 14e au 18e siècle, l’Europe chrétienne a connu une drôle d’époque : celle où les animaux étaient jugés au même titre que les humains.
Les cochons pouvaient être condamnés pour avoir blessé un enfant, les chats brûlés pour avoir fréquenté une personne reconnue comme sorcièr
Des procès entiers leur étaient consacrés, avec témoins, juges et parfois… exécution sur la place publique.

Ces histoires vous paraissent absurdes ? Et bien nous aussi, mais pourtant elles ont bien eu lieu et elles ont laissé des traces dès l’esprit de tous.
Aujourd’hui, le chat noir reste un symbole de malchance, la chouette continue d’annoncer la mort dans certains villages, et la chauve-souris garde son aura de bête du diable.

Corbeaux et chouettes : les “messagers” mal compris

Noirs, mystérieux, parfois bruyants… Il n’en fallait pas plus pour que corbeaux et chouettes deviennent les stars des superstitions.
De part sa couleur et sa nature de charognard , le corbeau est très rapidement associé à la mort, à une créature impure. Cela est accentué avec l’association de cet oiseau avec les champs de bataille où les corbeaux se nourrissent des cadavres. Quant à la chouette, avec son vol silencieux et son cri inquiétant, elle fut rapidement promue au rang d’“oiseau de malheur”. De plus, la vue d’une chouette près d’une maison, dans les milieux ruraux, était présage qu’un décès allait arriver.

Mais en réalité, ces deux espèces sont des nettoyeurs et régulateurs hors pair.


Le corbeau, de nature charognard, va jouer un rôle très important pour la biodiversité de “nettoyeur  naturel”. En se nourrissant des charognes, il empêche la prolifération de bactéries et de maladies liées aux cadavres d’animaux en décomposition. En quelque sorte, il désinfecte la nature tout en recyclant la matière organique : un éboueur écologique qui transforme la mort en vie. Le corbeau alimente aussi les légendes par sa grande intelligence : capable de reconnaître des visages humains, de fabriquer des outils, de résoudre des énigmes, on lui attribue une certaine malice.

Quant à la Chouette, elle limite les dégâts causés aux cultures des paysans en mangeant des rongeurs. Elle en chasse des milliers chaque année, permettant de réguler naturellement leurs populations

Le saviez-vous ?

 Un couple de chouettes peut consommer jusqu’à 6 000 mulots par an 

Le chat noir : l’un des animaux mal-aimés les plus célèbres

Au Moyen Âge, les chats noirs étaient soupçonnés d’être les espions du diable, voire les sorcières elles-mêmes qui se seraient transformées. Il se disait même que les chats se nourrissaient avec le sang des sorcières rendant cette boule de poils surnaturelle.


Résultat : des milliers de chats furent tués au nom de la foi. Une extermination qui a eu une conséquence inattendue : les rongeurs ont proliféré, et avec eux… la peste noire qui est arrivée dans les villages. Autant dire que chasser les chats a littéralement ouvert la porte à la vraie malédiction.

Aujourd’hui encore, certains chats noirs peinent à être adoptés, victimes d’une superstition vieille de plusieurs siècles.

Le crapaud : ce héros visqueux qui protège la nature

Baveux, bossu, vivant dans des coins humides… le crapaud coche toutes les cases du parfait compagnon de sorcière. Qui n’a jamais entendu parlé de l’ajout de bave de crapaud dans les potions de cette dernière ?
On disait qu’il gardait des poisons magiques sous sa peau, ou qu’il abritait l’esprit du diable lui-même. À l’époque, trouver un crapaud près d’une accusée suffisait à “prouver” sa culpabilité et de l’accuser de sorcellerie.

La réalité, c’est qu’il est surtout le jardinier le plus utile du quartier.
Le crapaud dévore moustiques, limaces et coléoptères à longueur de soirée, contribuant à réguler les populations d’insectes sans le moindre pesticide. Bref, un héros visqueux, mais écolo.

Le cochon : trop humain pour être innocent

Le cochon est probablement l’animal qui a été le plus souvent jugé au Moyen Âge.
En effet, avec sa corpulence imposante il se balade dans les rues, cause parfois des accidents… et, surtout, il ressemble beaucoup à l’homme, tant physiquement que par son intelligence. Ainsi, certains y ont vu une proximité inquiétante, presque diabolique dans le cochon, ce qui lui a valu sa mauvaise réputation.

Pourtant, le cochon est l’un des animaux les plus intelligents et empathiques du règne animal. Et oui ! Le cochon, comme le chien, reconnaît son nom, peut jouer avec vous, apprend au quotidien et à une excellente mémoire.

La chauve-souris : la princesse des nuits mal comprise

Active la nuit, grandes ailes noires, mi-oiseau mi-mammifère… La chauve-souris a toujours intrigué.
Auparavant, on la disait porteuse de maladies ou bien complice du diable. Jusqu’au XIXe siècle, on clouait même les chauve-souris aux portes des granges pour conjurer le mauvais sort !
Puis vint le célèbre conte de Dracula… et l’image du vampire ailé fit le reste de sa mauvaise image. Et attention à la personne qui se fer mordre par la chauve-souris.

Pourtant, la chauve-souris est une alliée indispensable à la biodiversité. En effet, la chauve-souris peut dévorer chaque nuit des milliers de moustiques (pour cela en l’en remercie), participe à la pollinisation des arbres et disperse les graines de nombreuses plantes.

Autres bêtes injustement craintes

Et si on élargissait un peu le cercle des mal-aimés ?
Car les chouettes, corbeaux et crapauds ne sont pas les seuls à souffrir d’une mauvaise image.

Le loup, par exemple, traîne toujours derrière lui l’ombre du Grand Méchant des contes. Pourtant, son rôle est crucial dans la nature : en chassant les proies les plus faibles, il maintient ainsi l’équilibre naturel des populations d’animaux ongulés.

Le renard, quant à lui, souvent vu comme un voleur de poules, est en réalité un allié du paysan : il régule rats, souris et mulots, limitant naturellement les dégâts dans les cultures.

Et que dire du vautour, longtemps associé à la mort ? Ce grand oiseau est avant tout un nettoyeur essentiel des montagnes. En se nourrissant exclusivement de carcasses, il évite la propagation de maladies et participe, comme le corbeau, au grand cycle du recyclage naturel.

Tous ces animaux jugés “dangereux”, “horribles” ou “sales” sont en réalité des piliers pour nos écosystèmes.

Pourquoi changer notre regard sur les animaux mal-aimés ?

Ces animaux mal-aimés, étranges ou même vu comme “inquiétants”, sont tous essentiels à notre environnement.
Ils régulent, nettoient, pollinisent et maintiennent les équilibres naturels.
Derrière les légendes et les frayeurs, ce sont avant tout des acteurs discrets de la biodiversité.

Alors, la prochaine fois qu’un corbeau croasse, qu’une chouette hulule ou qu’un crapaud vous fixe un peu trop longtemps… plutôt que de crier “sorcellerie !” ou d’avoir peur, rappelez-vous : ils étaient là bien avant nous, et ils rendent de fiers services à notre planète !

Ces animaux dits “mal-aimés”, souvent associés à la peur ou à la sorcellerie, font partie intégrante de notre imaginaire collectif.

Découvrez comment le Parc Sainte-Croix les met à l’honneur pendant Halloween 2025 à travers des animations immersives et des histoires fascinantes pour toute la famille.

CP : Parc Sainte-Croix, Estelle Datola, Eve Kalichem

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